Interview d’Olivier Fallaix, responsable du marché français chez Crunchyroll

Aujourd’hui, place à une interview d’Olivier Fallaix, Reponsable marché français chez Crunchyroll. Il s’agit d’un visage bien connu du journalisme spécialisé dans l’animation japonaise, puisqu’Olivier était autrefois animateur radio sur superloustic, et a ensuite travaillé chez AnimeLand, avant d’en devenir le rédacteur en chef jusqu’en 2013. On se souvient aussi qu’il a animé l’émission « Galaxie Mangas » sur la chaîne Mangas.

C’est avec amitié qu’Olivier Fallaix a accepté d’être interviewé pour DragonBall-Ultimate, à l’occasion des derniers Tsume Fan Days, où il était venu couvrir l’évènement pour Crunchyroll. Revenons ensemble sur cet évènement et sur l’actualité de Dragon Ball.

 


DBU : Bonjour Olivier,
Merci de nous accorder de ton temps pour cette interview. Nous venons de nous croiser lors des Tsume Fan Days 3 que tu as couvert en exclusivité pour Crunchyroll. Peux-tu nous donner tes impressions sur cet évènement ?
 
Olivier Fallaix : Je trouve impressionnant d’arriver à déplacer autant de personnes jusqu’au Luxembourg, pendant deux jours, pour présenter une gamme de produits dérivés. L’accueil est chaleureux et Tsume a vraiment assuré le show, tant dans la présentation qu’avec les invités qu’ils ont fait venir.

Tu es habitué aux gros évènements, et les Tsume Fan Days commencent à prendre de l’ampleur. Est-ce la première fois que tu couvrais cet évènement ?
 
J’étais venu à la toute première édition, il y a deux ans, et le chemin parcouru est stupéfiant. C’est la preuve d’un travail de qualité et d’une attention toute particulière du fabricant avec ses clients. Après, je pense que ça n’a pas vocation à rivaliser avec Japan Expo ou une quelconque convention. L’approche est différente.

La conférence sur Dragon Ball Super nous a permis d’en savoir un peu plus sur le doublage français du dernier film, Dragon Ball Z : La résurrection de F, mais la série TV, quant à elle, n’a pas encore été annoncée en France. Il semblerait que Tōei Animation ne prévoit pas de la sortir avant au moins fin 2016. Quelles raisons peuvent pousser le studio à attendre l’année prochaine ?
 
Il faudrait surtout poser cette question directement à Tōei Animation Europe, qui gère la licence. En tant que diffuseur de séries en simulcast via Crunchyroll, je trouve évidemment dommage qu’une série comme celle-ci soit licenciée aussi longtemps après sa diffusion au Japon. On sait très bien que ça n’empêche pas les fans les plus impatients de regarder quand même la série, mais par des moyens non-officiels.

Il faut juste savoir que sur une licence comme celle-ci, il y a de nombreux enjeux autres qu’une diffusion en streaming, comme une diffusion TV sur une grande chaîne ou une édition DVD, etc. Il peut même parfois y avoir des accords d’exclusivité comme ce fut le cas, par exemple, sur la série Saint Seiya : Soul of Gold (diffusée uniquement sur la chaîne Mangas en France). Je pense que Tōei préfère prendre le temps de choisir le bon partenaire pour un lancement en grande pompe et directement doublé en français.

Olivier Fallaix, qui nous a fait l'amitié de poser sur le décor de Tsume
Olivier Fallaix, qui nous a fait l’amitié de poser sur le décor de Tsume
Quel rapport entretiens-tu avec Dragon Ball et avec les œuvres d’Akira Toriyama ?
 
La première fois que j’ai découvert cette série, j’avais 18 ans et je suis tombé sur un épisode de Dragon Ball où Tortue-Génial rapetissait pour aller observer Bulma dans les toilettes. Je me suis franchement demandé quel était ce dessin animé ! Par la suite, j’ai finalement découvert un univers très riche, mais je reste attaché à la première partie, lorsque Son Goku est jeune et naïf. Pour moi, c’est le meilleur de la saga ! Dès que des personnages ont commencé à pouvoir ressusciter, l’histoire a perdu son enjeu dramatique.

Bien qu’Akira Toriyama ait reprit du service pour les grandes lignes du scénario de Dragon Ball Super, sa contribution est limitée. Pense-tu que ce soit une bonne chose ?
 
D’une manière générale, je ne pense pas que ce soit une bonne chose de donner des suites à des œuvres qui ont 20 ou 30 ans. On est forcément toujours déçu, car on ne pourra jamais retrouver le même esprit, même avec la meilleure volonté du monde. Je sais que c’est dur de résister à une demande qui est parfois très forte, mais certaines œuvres devraient rester telles qu’on les a connues, sans suite, sans remake.
Sur Dragon Ball, j’ai le sentiment qu’Akira Toriyama a tourné la page il y a bien longtemps. Il semble même qu’il ne se souviennent plus de nombres de détails de sa propre création (comme la couleur de cheveux de personnages importants…). Bien sûr, je suis heureux d’apprendre qu’il garde encore un œil bienveillant sur ces nouveaux projets, mais je ne suis pas certain qu’il soit réellement impliqué dans l’écriture ou l’approbation de tout ce qui est fait.

Pour rester sur la nouvelle série TV, on se souvient que, très récemment, il y a eu tout un tollé sur son animation décevante. Selon toi, quel regard porte Tōei Animation sur l’avis des fans ?
 
Je n’ai aucune idée de la façon dont Tōei Animation a pris ces critiques. Je ne suis pas certains que les gens du studio au Japon soient au courant de cette polémique.

L’avis et les demandes des fans du monde entier peut-il impacter la diffusion de la série TV ?
 
Les Japonais produisent, encore aujourd’hui, d’abord pour leur propre marché intérieur. Je pense pas que ces demandes puisse impacter grand chose.
Et puis il y a tout de même plusieurs choses qui me gênent dans cette polémique. Premièrement, ce n’est pas nouveau d’avoir des épisodes ratés dans une production TV. Les gens ont la mémoire courte car il y a 20 ans, c’était fréquent d’avoir une qualité inégale d’un épisode à l’autre.
Ensuite, étant donné que la série n’est donc pas proposée officiellement en France à ce jour, on est d’accord que tous ceux qui la critiquent l’ont vue de façon illégale. Et donc, ils se plaignent de la mauvaise qualité d’un programme qu’ils ont eux-même visionné, sachant qu’en faisant cela, ils ne contribuent absolument pas au financement du dit-programme. Quelle crédibilité apporter alors à ces critiques ? J’ai plutôt envie de leur dire : voilà justement une conséquence assez concrète et visible de vos habitudes.
Bien sûr, ce n’est pas la seule raison. L’animation japonaise traverse depuis dix ans une crise profonde (manque de relève, animateurs sous-payés…). Mais cette crise est en partie due aux difficultés de plus en plus importantes à trouver le financement des nouvelles productions.

Ce type de série TV peut-elle être diffusée sous forme de streaming et si « non », pourquoi ?
 
Comme expliqué précédemment, en théorie, oui, Tōei pourrait vendre les droits de diffusion en streaming. Mais d’autres paramètres entrent en jeu. Il faudrait leur demander directement !

Tōei Animation ne peut donc pas se priver d’une partie de son public (plus jeune).

Est-ce que Dragon Ball Super, Sailor Moon Crystal ou encore Saint Seiya : Soul of Golds, qui sont les nouvelles suites du studio, ne visent pas trop large (au risque de se privé d’une partie de son public) ?
 
Il faut comprendre que toutes ces séries ont une longue histoire en France. Dragon Ball, Sailor Moon, Saint Seiya ont d’abord été diffusées à la TV dans le Club Dorothée produit alors par AB Productions. Puis elle sont sorties en DVD chez AB, mais également chez Kazé ou Kana, tandis que d’autres chaînes les ont rediffusées (MCM, Game One, NT1…). Alors quand arrive une nouvelle série adaptée d’une licence aussi forte, Tōei doit prendre en compte cette histoire.

Tōei vend aussi d’autres séries et travaille à longueur d’année avec tous les acteurs de l’animation japonaise en France : grandes ou petites chaînes TV, éditeurs vidéo, plate-formes de streaming… L’arrivée d’une nouvelle série adaptée d’une licence qui a déjà été distribuée auprès de plusieurs sociétés peut s’avérer un vrai casse tête pour ne pas vexer tel ou tel partenaire historique. Voilà le genre d’enjeux avec lesquels Tōei doit composer.

Sommes-nous tous devenus trop exigeants, ou bien est-ce qu’une remise en question du système de production de l’animation au Japon est nécessaire ?
 
Aujourd’hui, on veut tout avoir tout de suite. Oui, on est devenu exigeant, d’autant que les moyens techniques existent pour satisfaire cette exigence. Mais ce n’est pas parce qu’il existe une solution technique qu’il est forcément possible de répondre à toutes ces demandes. Par exemple, il y a parfois des producteurs japonais qui refusent catégoriquement que leur série soit diffusée en streaming.

En dépit des sorties de suites comme Dragon Ball Super, d’autres animes méritant qu’on s’attarde aussi dessus continuent de voir le jour. Quelle serait ta sélection du moment ?
 
Avec 50 séries diffusées à longueur d’année en simulcast en France, ce n’est pas le choix qui manque. Je citerais Arslan Senki qui s’achève en ce moment chez nos confrères de Wakanim, ou encore Rokka no Yûsha qu’on a eu sur Crunchyroll cet été (dans le registre de l’heroic fantasy). Surtout, allez voir ces séries sur des plate-formes légales : c’est comme ça que vous soutiendrez l’animation japonaise. En plus, le système français permet de voir la plupart d’entre-elles gratuitement.

Si tu devrais nous citer un titre à voir absolument sur Crunchyroll en streaming ?
 
Pour rester dans le shônen, et puisqu’on s’adresse à des fans de Dragon Ball, je conseillerais World Trigger, une autre adaptation d’un manga du Weekly Shônen Jump (qui a vu naître Dragon Ball), produite aussi par Tōei Animation. La série compte déjà une cinquantaine d’épisodes.
Et pour le délire, Gintama, est une série qui parodie plein de choses, notamment Dragon Ball Z. Les premiers épisodes de la saison 3 se passent carrément sur la planète Namek !

Merci de nous avoir accordé de ton temps Olivier.
 


Pour voir ou revoir le compte rendu des Tsume Fan Days 3, rendez-vous sur [CETTE PAGE]. L’interview de Cyril Marchiol (PDG de Tsume) est également disponible [ICI].

Tags
Voir davantage

Gokuda003

Fan inconditionnel de Dragon Ball. Créateur, Webmaster, Administrateur, Rédacteur en chef de DragonBall Ultimate. J'aime aussi le Japon, sa langue et sa culture, ce qui me permet de vous offrir des traductions directes des news et des informations provenant des ouvrages.

Articles en rapport

Voir aussi

Close