Dragon Ball : Kin’iro no Senshi – Minoru Maeda – Interview

Dragon Ball Anime Illustration Collection :

Kin’iro no Senshi (Le Guerrier Doré)

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Dragon Ball Back Then, vol.1

Entretien avec Minoru Maeda, Character Designer de Dragon Ball et Dragon Ball Z.

J’admire les dessins de Toriyama-sensei. C’est pourquoi j’ai été très heureux d’être en mesure de dessiner pour les adaptations des travaux de Toriyama.

 

Le profil de Maeda : 

Animateur et responsable de SynergySP (studio d’animation). Il fût le Character Designer et superviseur de l’animation pour les séries animées Dr.Slump – Arale-chan et Dragon Ball. On retrouve aussi son travail exemplaire sur l’animé Go ! Anpan Man où il fut Character Designer ainsi que sur la série Touch en tant que superviseur général de l’animation.

Maeda-san, vous avez été impliqué dans les adaptations animées des travaux de Toriyama depuis Dr Slump – Arale-chan, bien avant Dragon Ball. De ce fait, que pensez-vous de l’attrait des dessins de Toriyama-sensei ?

En terme de design, ils sont représentés sans aspects désagréables. En effet, il n’y a vraiment pas grand monde qui dit détester les dessins de Toriyama-sensei, n’est-ce pas ? Je pense que ses dessins ont été acceptés par beaucoup de monde parce qu’ils n’ont rien de désagréable. L’autre caractéristique de ses dessins c’est qu’ils sont réalistes.

Par « réalistes », vous voulez dire que ses designs sont simples, n’est-ce pas ?

Ce ne sont pas tant ses designs mais plutôt la manière dont il traite ses dessins qui est réaliste. Sa manière de représenter les muscles des personnages ou sa manière de les construire est très basique et c’est en cela que ses dessins sont simples. Je suppose que l’on pourrait dire que cela rend ses personnages très humains, avec des os et des muscles en bonne et due forme.

Ce sont néanmoins des dessins très difficiles à représenter ; Un animateur qui est bon en dessin peut les reproduire, mais cela requiert de la pratique. Ils sont construits en seulement quelques lignes, il est dont difficile d’équilibrer les yeux et le nez, ou les bras et les jambes, et il suffit de les éloigner un peu trop pour qu’au final, ça ressemble à un personnage complètement différent.

Même moi je me souviens avoir rencontré des difficultés. Au début, j’avais du mal à équilibrer correctement la coupe de cheveux de Son Gokū enfant, d’ailleurs, ses cheveux de Super Saiyan étaient très difficiles aussi dès lors qu’ils devinrent hérissés (rires). Au milieu de la série animée, j’ai eu l’autorisation de voir les esquisses et brouillons de (Toriyama)-sensei et de les utiliser comme modèles pour comprendre comment dessiner chaque trait.

L’œuvre originale (à savoir, le manga) est passé progressivement d’un trait rond à un trait anguleux, mais, dans l’animé où un nombre important de personnes intervient, comment avez-vous homogénéisé le style des dessins ?

Lorsque nous avons commencé à réaliser un film au printemps et en été, chaque année, j’ai profité de cette opportunité pour m’approcher au plus près des dessins originaux. Pour la série animée qui se poursuivait, j’avais constitué un dossier avec les chapitres de Dragon Ball tirés de chaque Weekly Shōnen Jump et je dessinais en les utilisant comme modèles. En théorie, cette pratique nous permettait de reproduire les toutes dernières évolutions graphiques de Toriyama. Ainsi, l’animé était constamment raccord avec le travail original, et, alors même que le design évoluait et que de nouveaux objets apparaissaient, nous ne réalisions pas systématiquement des fiches précises ; Ce n’était pas nécessaire. Cet exemple montre à quel point l’oeuvre originale pouvait être complète.

Parlez-nous de vos débuts sur les travaux de Toriyama.

La première fois que j’ai dessiné à partir des travaux de Sensei en tant qu’animateur était avant que je sois un animateur clé sur le pilote de Dr Slump, l’œuvre précédant Dragon Ball. Un pilote est un film réalisé à des fins de test avant diffusion. Il me semble que cela remonte à peu près à 1979. C’était les designs au trait rond de Toriyama-sensei que j’aimais, alors je me souviens avoir été très heureux de dessiner ces images clés de l’animation. Bien sûr, même après, je me souviens de mes collègues qui connaissaient Dr Slump par le Weekly Shōnen Jump et qui disaient ô combien il serait intéressant d’en faire une série animée. Je suppose que l’on peut dire que les dessins de Sensei étaient atypiques à cette époque, comme si les designs venaient d’un autre monde.

Kid Gokû - Maeda Interview
Le dōgi de Gokū (épisode 019 et suivants)

 

Et après ça, vous avez également travaillé en tant que directeur du Chara Design pour la version animée de Dr Slump – Aralé-chan, diffusée à la télévision.

À cette époque, il y avait moult travaux où les designs du manga et de la version animée étaient très différents. J’appréciais les dessins de Toriyama-sensei, alors j’ai détesté l’idée de changer les dessins de l’œuvre originale. C’est pourquoi je faisais mon travail avec le sentiment suivant « Maintenant que je fais Dr Slump, je vais prendre les cases du manga et simplement les animer, telles quelles, sans ôter le moindre trait ! Je vais reproduire les dessins de Sensei juste tels qu’ils sont ! » Bon sang, j’étais vraiment jeune ! (rires).

Et c’est ainsi que vous avez continué en tant que directeur du Character Design sur Dragon Ball ?

Même lorsque j’étais Character Designer, j’étais heureux de dessiner des adaptations des travaux de Toriyama (rires). Avant que Dragon Ball ne soit diffusé, l’éditeur de Toriyama-sensei a emporté à Nagoya une fiche modèle de Gokū enfant, là où vit Sensei, et j’étais ravi quand ce dernier l’a validée et renvoyée avec très peu de corrections.

Y-a-t-il des personnages que vous trouviez particulièrement difficiles à dessiner ?

Kame Sennin l’était ! Je ne parvenais pas à représenter sa tête ronde correctement. Alors, quand je suis allé voir Toriyama-sensei chez lui à Nagoya, j’ai eu besoin qu’il me montre directement comment dessiner Kame Sennin (rires). Il l’a dessiné sur papier Kent. Le truc pour bien dessiner Kame Sennin était d’effectuer une rotation de la main. Ça m’a aidé à comprendre. La principale impression que je me suis fait de Sensei est qu’il semble être quelqu’un de simple et d’honnête. Il m’a donné l’impression d’être une personne incroyablement pure, comme Gokū lui-même.

Gokū est-il votre personnage favori ?

Je suis particulièrement fan de Gokū enfant. J’aime aussi Pu-erh qui apparaît à peu près en même temps, ainsi que les autres personnages ronds comme eux. C’est pourquoi les scènes qui m’ont marqué sont celles du tout début de Dragon Ball, lorsque Gokū rencontre Bulma. Principalement parce que c’est la partie qui réuni l’ensemble du travail, mais aussi parce que je pense que c’est la partie qui ressemble le plus à un travail de Toriyama. J’étais très chanceux de pouvoir travailler sur les séries Dragon Ball. J’ai beaucoup appris en dessin aussi. Je mentionne assez peu le fait que j’ai travaillé sur l’animé Dragon Ball, mais la première fois que je rencontre quelqu’un et que je dis mon nom, ils disent qu’ils l’ont déjà vu à la télévision. Ce sont ces exemples qui font que je suis ravi d’avoir pu œuvré sur quelque chose qui m’a rendu populaire aussi longtemps.

Selon vous, quel est le secret qui fait que les séries ont été appréciées si longtemps par tant de monde ?

Je pense qu’il y a beaucoup de raisons, comme la simplicité apparente des dessins et l’histoire simple à comprendre. Mais il existe d’autres œuvres comme ça donc je ne pense pas que ce soit la seule raison. Même moi je ne connais pas le secret d’une pareille popularité (rires).

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Une fiche modèle de Son Gokū réalisée par Maeda-san. Appelée aussi matériel de référence, elle a pour but d’homogénéiser les travaux des différentes équipes d’animateurs qui interviennent sur l’animé. Maeda-san a supervisé le design des personnages apparaissant à l’époque de Gokū enfant jusqu’à la première moitié de son âge adulte.

 

Vous avez aussi créé le design des personnages ennemis pour la série TV originale et les films.

Pour ce qui est des épisodes inédits au manga, j’imaginais les designs originaux en pensant à la manière dont Sensei les dessinerait. Je les ai dessinés comme si je prenais des parties des différents personnages de Toriyama et que je les assemblais. En fait, je pense que je ne peux pas l’expliquer clairement avec des mots (rires). J’ai été impliqué très longtemps dans les travaux de Toriyama si bien que même pour une autre œuvre l’influence de Toriyama reviendra toujours quelque part (rires). Ce n’est pas ce que pensent les téléspectateurs, mais ce que je pense moi. Par exemple, lorsque je dessine une fille, je me dis « Hé, elle ressemble assez à Bulma » (rires). Ou lorsque je représente les plis sur les vêtements, l’influence de Toriyama refait surface.

Eh bien, pour finir, j’aimerais vous demander quelques mots concernant Dragon Ball.

Pour moi, cela a été très plaisant jusqu’au bout. Quand je vois les rediffusions, je me rappelle des choses qui sont arrivées depuis. Et s’il devait y avoir un nouveau Dragon Ball, j’aurais un désire incroyablement fort de reprendre l’aventure. Mais je pense aussi qu’il faut laisser la place aux jeunes, afin qu’ils me donnent un nouveau souffle en me montrant un Son Gokū du XXIème siècle. Dans un sens, Dragon Ball est pour moi un trésor irremplaçable, mais de l’autre, ce n’est pas comme s’il occupait un coin de mon cœur. Comment puis-je expliquer ça…? C’est un travail qui, plutôt que d’être difficile et fastidieux, a été quelque chose qui a coloré tout mon être.

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Mizuumi

Passionné par l'univers d'Akira Toriyama, je suis également un grand amateur d'animation (japonaise, mais pas que) et de doublage. L'animation a le pouvoir de me faire rêver depuis mon plus jeune âge, aussi, je me suis récemment pris d'une nouvelle passion : l'écriture. Je suis également collectionneur à mes heures perdues (mangas, dvd, figurines, artbook, celluloid, goodies). Sur DB-U, je suis rédacteur et traducteur (anglais – français) à quelques occasions.

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